Walking Disaster
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 Everybody's gone to the Rapture

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Abernathy
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MessageSujet: Everybody's gone to the Rapture   Everybody's gone to the Rapture EmptyMer 27 Juil - 19:12



« Introduction »
Jungkook


La scène ressemblait à un de ces sempiternels enterrements clichés comme l'on en trouve dans toutes les superproductions américaines. Femmes, hommes, enfants, tous vêtus de noirs, pleurant le défunt sous une pluie d'automne, avec des dizaines de parapluies dans les mêmes tons pour les couvrir et des sanglots, des prières, étouffés par le bruit des gouttes s'écrasant sur le sol.
Jungkook était devenu indifférent à ce genre de cérémonie. Il était habitué à voir des veuves, veufs et orphelins, à entendre les mêmes discours, les mêmes adieux. Tout se ressemblait à ses yeux ; les sépultures, alignées parfaitement comme une rangée de dominos, le silence, les plaintes, la tristesse sur les visages. Sa posture était identique à toutes les autres fois : il se tenait quelque part entre les connaissances de la famille, la tête basse et l'air désolé, mains verrouillés derrière le dos, en silence jusqu'à la fin de la cérémonie.
Le mort était un jeune homme. Jung Jihu, la vingtaine –environ-, des rêves plein la tête –probablement-, une fin brutale –regrettable-. Le cercueil s'était fermé sur un visage paisible et un corps mutilé caché sous un costume hors de prix. Encore un sentiment de déjà-vu que Jungkook ne pouvait plus s'enlever de la tête depuis quelques mois.

Depuis le début de cette affaire, pour être exact.

Jeon Jungkook était officier de police. Ayant intégré les forces de l'ordre très jeune et déjà promis à une carrière prometteuse, il ne lui avait pas fallu longtemps avant d'être promu inspecteur et d'être assigné à des affaires plus corsées. Il avait ainsi résolu mystère sur mystère, horreur sur horreur, se forgeant un nom ainsi qu'un sang-froid pour lequel il avait fini par être réputé.
On s'était alors résolu à lui donner le croque-mitaine du moment, une affaire de tueur en série qui n'avait de sens que pour les fous. « L'affaire des faux messies », c'était le nom du dossier, ayant pour origine la récurrence des références bibliques dans chaque meurtre. Des signes de croix, des versets de la Bible, tous taillés dans la chair des victimes, d'autres mutilations similaires à celles du Christ sur la croix, le tout sur des individus jeunes, de confession catholiques et sans antécédents criminels. Une dizaine de victimes déjà avait été reliée à ce même meurtrier. Jungkook n'avait pas besoin d'être pieux pour s'avoir qu'il s'agissait d'une histoire de fou.
On avait fini par lui suggérer d'aller en consulter un pour trouver une solution. Il avait refusé.

Jungkook était conscient de ces capacités, borné au mieux de ne pas vouloir recourir à un soutien externe, d'autant moins celui d'un quelconque psychopathe. Il n'avait jamais aimé perdre, il n'avait jamais perdu, il ne tenait pas à faire de cette affaire son premier échec.
Il avait donc attendu la fin de l'enterrement pour interroger la famille et les amis du défunt avant de retourner s'enfermer dans son bureau, supporté par une tasse de café et la ferme conviction que ce mort serait le dernier. La procédure habituelle, sa méthode de travail de prédilection : beaucoup de paperasse, très peu d'heures de sommeil.

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MessageSujet: Re: Everybody's gone to the Rapture   Everybody's gone to the Rapture EmptyMer 27 Juil - 19:13



« Introduction »
Taehyung


Avec le temps, Kim Taehyung s'était mis à aimer le prévisible, le monotone, le confort sécurisant d'un quotidien à répétition. Il avait commencé à apprécié cette vie réglée sur du papier à musique, de son réveil, à 6h du matin, jusqu'à son couché, aux alentours de 22h. Il chérissait l'odeur du café réchauffé, le pudding du dimanche soir, le jour de la blanchisserie, le jour des visites, et les impondérables qui le divertissaient tant auparavant l'exécraient désormais au plus haut point.
Les autres prisonniers ne l'aimaient guère, l'observaient de loin comme le phénomène de foire de ce grand cirque, craint et méprisé. Il s'asseyait seul à l'heure du repas, faisait ses exercices séparé des autres, était probablement l'unique résident de la prison que les gardiens avaient fini par approcher sans crainte. Il avait même fini par en tirer quelques privilèges, dont une cellule individuelle et des livres qu'il dévorait à longueur de journée, allongé à même le sol de sa résidence pour encore 20 ans.

Les choses n'avaient pas toujours été ainsi.

Lorsque Taehyung fut incarcéré, il y a 3 ans déjà pour meurtre passionnel, il était agité, dangereux. Il agressait les autres résidents, prenait un malin plaisir à effrayer ses geôliers, simplement pour se divertir. On le trouvait souvent à provoquer des altercations, sans nécessairement s'y salir les mains, simplement pour s'occuper ou encore à terroriser les surveillants de nuit avec des histoires de fantôme et de cellules hantées. C'était pour rire, voilà sa justification, pour rire. Jusqu'au jour où son codétenu découvrit son implication dans une bagarre quelconque et décida de l'étrangler dans son sommeil. Taehyung n'avait jamais autant ri que cette nuit-là, tandis que ses longs doigts s'étaient appliqués à ramener les yeux de ce regretté Jihoon dans leurs orbites.
Il avait alors fini en isolement pour quelques mois, sa peine alourdie de quelques années, et il avait perdu son intérêt en toutes ses petites farces amateurs qui comblaient jusqu'alors ses journées. Aucune ne l'avait diverti autant que de voir cet homme, cette pourriture suppliait pour sa vie, hurlait jusqu'au point de rupture. Le châtiment, il aspirait désormais au châtiment.

Tout le monde avait alors supposé qu'il avait compris la leçon, qu'il s'était assagi. On parlait déjà de remise de peine, de liberté conditionnelle et le malheureux incident de la cellule avait été relégué à un simple cas de légitime défense.

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MessageSujet: Re: Everybody's gone to the Rapture   Everybody's gone to the Rapture EmptyMer 27 Juil - 19:13



« Segment 1 »
Dead End


Jungkook passait du temps dans son bureau. Jungkook passait une bonne partie de sa vie dans son bureau.
Pourtant il n'aimait pas cet endroit : c'était une pièce minuscule aux murs décrépis par l'humidité. Le papier peint se décollait et il n'avait jamais pris le risque de marcher pieds nus sur la moquette. Quant au mobilier, il n'y avait guère plus qu'une table composée d'une planche soutenue par Kant et Kim Soo-young, une chaise de cuisine, des caisses pleines de dossiers et de rapports et un grand tableau de liège usé par les centaines de milliers de petites épingles qu'il avait pu planter dessus. Mais c'était un endroit où il pouvait travailler en toute quiétude, loin de son ancien bureau installé avec les autres au milieu du poste de police, là où naviguaient voyous et officiers, témoins et simples civils. Un endroit calme où Jungkook pouvait se battre avec ses preuves et ses pièces à conviction. Un endroit calme où Jungkook pouvait démêler toutes ses énigmes jusqu'à ce qu'il n'y ait plus le moindre nœud sur le fil de son enquête.

Cette nuit n'était pas si différente des autres nuits, hormis peut-être la pluie qui s'écrasait contre la vitre et le trafic séoulite qui lui paraissait bien plus dense et bruyant que d'habitude. Peut-être parce que c'était un samedi ? Peut-être parce que les samedis à 23h, les gens ne sont pas supposés travailler ? Peut-être. Ce ne fut pas une pensée sur laquelle le policier s'attarda très longtemps, préférant donner de son attention aux photographies sous ses yeux ; des clichés de l'autopsie de la dernière victime, des notes du médecin légiste, des vues douloureusement rapprochées de ces écritures qui lui tailladaient la peau. Les traits étaient bien trop épais et irréguliers pour être le produit d'une lame, Jungkook avait donc fini par admettre qu'il pouvait s'agir d'un clou, le même outil qui avait servi à marquer ces orifices dans les mains et les pieds de chaque dépouille. Mais ça ne l'avançait pas plus que ça et ce détail n'était rien de plus qu'une énième goutte essayant de remplir un océan bien trop vaste.

« Café ? » Il n'avait pas besoin de relever la tête, ni de réfléchir bien longtemps pour savoir de qui il s'agissait. Voilà un nouveau mystère résolu pour Jeon Jungkook, le seul depuis des semaines. Quel exploit ! Il soupira, exaspéré en faisant signe à Namjoon de rentrer. Ce dernier déposa le gobelet devant lui avant de jeter un œil appréciateur au puzzle sur le mur ; comme l'on en trouve dans les films, avec du fil de nylon rouge reliant chaque document entre eux et tout un tas de punaises pour tenir le tout. Jungkook pouvait même l'entendre siroter son café. Il n'avait même pas besoin de le regarder pour savoir ce qu'il fabriquait, il faisait le même tour du propriétaire à chaque fois qu'il s'introduisait ici. « Tu te lances dans des impasses. » Ces paroles, en revanche, n'étaient pas quelque chose que le plus jeune s'attendait à entendre.

Namjoon était un bon commissaire. Il était juste, partial, toujours à l'écoute de ses hommes. Il n'avait d'ailleurs pas hésité un seul instant à prendre le partie de Jungkook lors de sa promotion, malgré son jeune âge, parce qu'il savait que son cadet en avait amplement les capacités pour ce poste. Il l'avait pris sous son aile, en quelque sorte, lui et toutes les autres recrues qui terminaient dans les forces de l'ordre à peine sorti de l'école ; un père attentionné, maladroit parfois, qui n'hésitait pas à amener un expresso bien serré à ses enfants un samedi soir. Pourtant il n'avait pas la critique facile –il laissait bien volontiers cette tâche à Yoongi qui avait fini par être réputé pour sa sévérité- Jungkook s'étonnait donc d'un regard si critique de sa part, surtout sur sa façon de mener cette affaire. Des impasses. Ce n'était pas si loin de ce qu'il avait le sentiment de rencontrer à chaque fois qu'il avait l'impression d'avancer un peu. « Tu ne penses pas que c'est le moment d'appeler de l'aide, Jungkook ? C'est des vies humaines que tu mets en danger en t'acharnant à vouloir te tuer à la tâche. Je peux assigner quelqu'un pour t'aider. Tu n'as qu'un mot à dire. » Jungkook demeura silencieux, les yeux rivés sur la photo entre ses doigts.
Il n'avait pas envie d'appeler de l'aide. Mais il en avait besoin. Il n'avait pas envie d'appeler de l'aide mais il en avait désespérément besoin pour que plus aucun cliché de la sorte ne soit pris, pour que plus aucun être humain ne soit charcuté à coup de clous jusqu'à ce que mort s'en suive.
Il sentit la main du plus âgé se poser lourdement sur son épaule, tout comme son regard à l'arrière de son crâne. « Un mot, Jungkook, un mot ou un mort et je te retire le dossier. » Namjoon soupira d'un air désolé et prit le chemin de la porte sans pour autant prendre avec lui le sentiment oppressant qu'avait laissé son dilemme.
On ne lui avait offert que des scénarios d'échecs et Jungkook était trop fier pour accepter cette réalité. Il se remit au travail.

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MessageSujet: Re: Everybody's gone to the Rapture   Everybody's gone to the Rapture EmptyMer 27 Juil - 19:14



« Segment 2 »
Stuck Between a Rock and a Hard Place


« Jungkook ! » On entendait geindre à l'étage inférieur, une plainte qui se répétait inlassablement depuis près de cinq minutes. L'intéressé ne l'entendait pas, le nez collé sur l'écran de son MacBook, deux écouteurs plongés dans ses oreilles, le coupant tout à fait du monde extérieur. « Jeon Jungkook ! » Encore une fois sans réponse, il décida de monter les marches, toquant doucement à la porte avant de pénétrer dans le bureau improvisé de l'officier de police. Jung-hyun fut accueilli par la plus grande indifférence et ne put retenir un froncement de sourcil, passablement agacé. Cela dit, il n'était pas surpris.
Ce n'était pas la première fois qu'il rendait visite à son cadet, profitant de ses rares passages à Séoul pour venir prendre de ses nouvelles et s'assurer qu'il était encore entier. Il avait fini par s'habituer à ces passages à l'improviste, Jungkook ne consultant que rarement, si ce n'est jamais son téléphone, laissant le reste des Jeon dans le flou le plus total quant à sa vie à la capitale. Allait-il bien ? Était-il encore célibataire ? S'était-il au moins fait des amis en dehors de ses collègues de travail ? Ou bien avait-il fini par se faire tuer dans l'une de ses enquêtes ? Des questions qui pour la plupart restaient encore et toujours sans réponse, Jungkook n'étant guère plus loquace que cela sur sa vie privée. Pas que Jung-hyung soit particulièrement friand de ce genre de détails sur l'intimité de son petit frère –en vérité il ne le questionnait que pour rassurer leur mère, la malheureuse passant ses journées à se ronger les sangs -, mais il s'inquiétait tout de même de le voir si dédié à sa tâche, corps et âme dans ce travail ingrat dont le salaire ne lui servait finalement qu'à remplir le frigo. Pour cause, le policier vivait dans un taudis et son seul hobby –si on peut appeler ça comme ça- était de résoudre des affaires, encore et encore et encore et à tel point que l'aîné de la famille avait fini par oublier à quoi ressembler son frère, ailleurs que dans ce bureau improvisé, entouré de pièces à conviction et soutenu par une tasse de café qui ne semblait pas avoir de fin.

« Jungkook ? » Il appela, encore, s'osant finalement à tapoter sur l'épaule de son cadet pour lui signaler sa présence. Il n'était pas si tard, minuit tout au plus, mais il pouvait déjà sentir toute la fatigue accumulée sur ce dos aux muscles crispés qu'il discernait distinctement au travers de sa chemise. Le manque de réaction du jeune homme était tout aussi révélateur de la semi torpeur dans laquelle il se trouvait, consultant ses documents sans même les lire. Il leva finalement la tête. « Hyung ? » Sa voix, brisée de nombreuses heures sans avoir servie et ses yeux gonflés de tout ce temps passé devant l'écran ne firent que confirmer la théorie de Jung-hyun : son petit frère était à bout de force. « T'es là depuis longtemps... ? Je t'ai pas entendu rentrer. » Le plus âgé hocha négativement la tête, sa main se dirigeant discrètement vers l'écran de l'ordinateur pour le fermer. Jungkook ne s'en rendit même pas compte. « Je viens d'arriver. Et tu devrais aller dormir toi. » Si Jung-hyun ne connaissait pas si bien son frère, il l'aurait laissé répliquer, mais au lieu de ça il l'interrompit avant même qu'il n'ait pu se plaindre. Il prit les papiers entre ses doigts qui les laissèrent glisser sans même chercher à les retenir. « Au lit Jeon Jungkook. Tu seras plus efficace demain, quand tu seras reposé. » Le mot efficace fut semble-t-il suffisamment convainquant pour le faire obéir, le policier cédant finalement à l'argumentaire implacable de son grand frère. Jung-hyun avait raison, il n'avançait plus depuis des heures. Il était vain de s'acharner.

Lorsque Jungkook retrouva son lit -une séparation bien trop longue soulignées par deux traits noirs sous des yeux bouffis-, le sommeil ne le gagna pas tout de suite. Il se mit à réfléchir, laissant peu à peu l'anxiété et le doute le gagner. Deux semaines, cela faisait deux semaines que le commissaire l'avait confronté à son ultimatum et pourtant il n'avait demandé ni aide, ni le retrait du dossier. Il s'était acharné, tête première dans sa méthode de travail, quitte à paraître borné ! Non, borné, il l'était, et il fallait l'être, plus que le criminel en face de soi. On ne gagne pas ce genre de duel avec des compromis. On les gagne en tenant sa position, sans flancher. Sans jamais flancher.
Et pourtant Jungkook était là, dans ce lit, flirtant avec Morphée, son amant qu'il n'avait pas côtoyé depuis quelques 48h –si ce n'est plus-. Il était là, à regarder le plafond, les fissures dans le lambris et il se rendait compte que si sa volonté n'avait pas encore flanché, son corps lui n'était plus en mesure de tenir ce rythme plus longtemps. Mais Jungkook était borné, et lorsqu'il ferma les yeux, il décréta que son corps pouvait encore tenir quelques 48h de plus.


Les églises de Séoul – et de la Corée du Sud, en général – n'avaient pas le panache de leurs homonymes européennes. Cela se devait sans doute au fait que ce pays, comme le reste du continent, n'était pas empreint d'une aussi forte influence catholique, le privant ainsi des architectures gothiques et romaines que l'on a tendance à associer si facilement à ce genre de lieux de culte. Pas de pierres noires, pas de gargouilles scrutant l'horizon de leur perchoir de granite, pas de fenêtres colorées contenant les péripéties d'un homme dont la généalogie demeure encore de l'ordre de la croyance, pure et simple ; simplement des dalles de béton, empilés les unes sur les autres, dont on avait accommodé l'esthétique par quelques dorures et boiseries. Mais l'important, c'est ce qu'il y a dedans, n'est- ce pas ? L'important, c'est le symbole ?
C'est ce que Jimin essayait de se dire à chaque fois qu'il gravissait ces marches, pénétrait dans ce bâtiment, bien trop froid à son goût pour être la demeure du Seigneur. Ça ne l'empêchait pourtant pas de s'y rendre, tard le soir, lorsque plus une âme en peine ne côtoyait ces bancs. Ça ne l'empêchait pas non plus de serrer son chapelet contre sa poitrine, les perles glissant entre ses doigts à mesure qu'il récitait : « Je vous salue Marie. » Il murmure respectueusement, la tête basse. Toujours la tête basse. « Pleine de grâce. Le Seigneur est avec vous. » Le Seigneur est avec vous. Quelques pas le menèrent naturellement devant l'autel, devant l'incarnation de pierre de la femme dont il implorait la mansuétude chaque soir. « Vous êtes bénie entre toutes les femmes. Et Jésus, le fruit de vos entrailles est béni. » Ses yeux se levèrent vers la croix au fond de la salle avant de revenir se poser sur Elle. « Sainte Marie, Mère de Dieu. Priez pour nous, pauvres pêcheurs. » Priez pour nous. Priez pour Jihu. « Maintenant, et à l'heure de notre mort. »

Silence.

« Amen. »

Cette parole n'était pas la sienne.


« Il manque les résultats d'autopsie. Bordel. Bordel ! » Jung-Hyun ne pouvait qu'assister, impuissant, à la détresse de son frère qui n'avait pas tenu plus d'une heure dans son lit. Il était adossé contre le cadran de la porte, soupirant d'exaspération à chaque fois que l'officier de police se mettait à hausser la voix, à taper du poing sur la table ou tout simplement à jeter des choses par terre. « Aide-moi à chercher putain ! Fais quelque chose, arrête de me regarder ou de lever les yeux au ciel. » Dans un énième soupir, Jung-hyun concéda à plonger ses mains dans un carton contenant une bonne demi-douzaine de palettes de papiers, espérant y trouver le fameux rapport d'autopsie.
Dix minutes, vingt minutes, le document demeurait introuvable. La seule chose que Jungkook semblait avoir retrouvé, c'était de la vitalité ; suffisamment pour lancer des jurons à tout va. « Tu es sûr que tu l'avais tout à l'heure ? Tu n'as pas laissé des papiers au commissariat ? » Hélas pas suffisamment pour résonner aussi logiquement que son aîné qui tenait peut-être la solution à son problème. Jungkook se tenait la tête entre les mains, mobilisant ses forces pour se souvenir s'il avait bien pris ce document avec lui en partant. « Je sais plus. T'as peut-être raison. Je vais y aller. »
Le temps de saisir son manteau et d'enfiler une paire de chaussures, il était déjà dehors, ne prêtant pas attention à son frère qui tentait de le raisonner sur le palier. « Tu vas pas y aller maintenant ? Il est 1h du matin ? Jungkook ! Hey, reviens ! »

Il marcha rapidement, les mains enfoncées dans ses poches, le nez rivé sur le pavé en face de lui. Jungkook essayait de se souvenir. Ai-je emmené, oui ou non, ce foutu papier ? Ai-je emmené, oui ou non, ce putain de papier à la con ? Je sais pas. Il aurait pu s'interroger tout le trajet durant que sa réponse n'aurait probablement pas changé. Je sais pas putain ! « Faites attention où vous marchez. » Jungkook se sentit partir en arrière, bousculé par une marche plus déterminée et rapide que la sienne, évitant de justesse la chute grâce à une paire de mains gantées. Il n'eut pas le temps de s'excuser, ni même de voir le visage de l'homme qui l'avait rattrapé in extremis. Il n'y prêta pas plus attention à vrai dire car son regard fut attiré par la bâtisse en face lui. L'église à quelques mètres de là -qu'il n'aurait probablement pas remarqué si on ne l'avait pas forcé à relever la tête- était bien plus intéressante. Des lumières allumées à 1h du matin, c'était ce que certains pourraient appeler une coïncidence ; or en tant qu'inspecteur, on apprend que les coïncidences dans le crime, ça n'existe pas.

Il accéléra le pas, modifiant simplement sa destination. Chaque marche gravie semblait émousser sa volonté d'aller plus loin, mais plus il se rapprochait, plus il pouvait les entendre, en tendant l'oreille : les prières. « Priez pour nous, pauvres pêcheurs, maintenant, et à l'heure de notre mort. Amen. S'il vous plait. S'il vous plait. » Une voix saccadée, brisée par les sanglots, gémissant faiblement la même prière encore et encore comme si sa vie –ironiquement- en dépendait.

Si Jungkook n'était pas habitué, il aurait probablement eu un haut le cœur lorsque ses bottes se mirent à patauger dans du sang encore chaud, confirmant la piste toute tracée jusqu'à l'autel où se trouvait un jeune homme, les mains clouées contre le bois de la table, son chapelet serré autour de son cou et son torse nu tailladé de blessures impossibles à discerner sous tout ce rouge. Il s'arrêta de prier lorsqu'il aperçut Jungkook, se figea d'abord comme s'il venait de voir la Mort en personne avant de se détendre, ses oraisons se transformant progressivement en remerciements. « Merci mon Dieu, merci. » Répétait-il, encore et encore, même lorsqu'il fut défait de ses entraves, même lorsque le policier lui prodigua les premiers soins, même lorsqu'il était entre les mains des infirmières, horrifiées face aux blessures peu communes de leur jeune patient.
Lorsque Jungkook fut autorisé à venir le voir, il continua de dire merci : « Merci de m'avoir sauvé la vie. » Son sauveur se retint de le remercier d'avoir survécu.


« J'accepte. » Namjoon leva les yeux de son écran d'ordinateur, on ne peut plus surpris de voir Jeon Jungkook –le Jeon Jungkook- débarqué de la sorte dans son bureau, sans même prendre la peine de le saluer. Lui qui était d'habituel si protocolaire, si ancré dans les règles et la hiérarchie, son comportement quelque peu « anarchique » avait de quoi en surprendre plus d'un, à commencer par Yoongi qui avait manqué d'échapper son café fumant sur son uniforme. Ce dernier ne se priva d'ailleurs pas de remettre son cadet à sa juste place. « Bonjour à toi aussi Jungkook. » Evidemment gêné, Namjoon ne put que feindre la quinte de toux en constatant que le plus jeune n'était pas décidé à répondre. Celui-là, quand il a une idée en tête... « Tu acceptes ? » Avait-il fini par demander, faisant signe à un Yoongi passablement irrité de sortir du bureau. Il s'exécuta, non sans fusiller son collègue du regard. Jungkook, lui, n'avait pas cillé. « J'accepte de recevoir de l'aide. Votre idée. »

La nouvelle sembla grandement réjouir -ou soulager- le commissaire qui s'attela immédiatement à lui trouver le candidat parfait.
Il était même si motivé qu'il ne lui avait fallu que quelques heures pour mettre la main sur un profil idéal, banalisant une journée de l'inspecteur pour lui présenter son nouveau « partenaire ». Il lui avait même confié le dossier, laissant à Jungkook le soin de le feuilleter dans la voiture. Ce dernier se laissa le plaisir d'une bonne surprise, gardant la pochette sur ses genoux tout le long du trajet jusqu'au pénitencier. Il lui fut impossible de contenir un sourire, ainsi qu'une plaisante sensation de satisfaction personnelle une fois sur place, lorsqu'ils passèrent devant les cellules, discernant des visages qu'il avait lui-même menotté et envoyé croupir ici.

Le gardien les emmena jusqu'à une salle d'interrogatoire, laissant à Jungkook le soin de se débarrasser de toute arme susceptible d'être utilisée contre lui : montre, stylo, arme de poing, menottes, feuille de papier. Lorsqu'il pénétra à l'intérieur de la pièce, il ne fut pas surpris de voir l'homme en face de lui fermement menotté et souriant : les malades dans son genre sont toujours souriants. « Bonjour, inspecteur. » Les malades dans son genre sont toujours beaucoup trop courtois. « Vous êtes l'inspecteur Jeon, c'est ça ? » Et renseignés, les malades dans son genre sont toujours bien renseignés.

Il s'installa en face de lui, hochant simplement la tête sans le quitter du regard. Les yeux plissés, un sourire intrigué qui étirait les lèvres du criminel ; Jungkook connaissait cet air-là, ce type essayait de le jauger. « Votre nom ? » La question n'arracha qu'un haussement de sourcil au détenu qui s'enfonça dans son siège, son regard se faisant plus brillant et son sourire plus large. Il s'était déjà fait son opinion. « J'aurai aimé vous serrer la main inspecteur, mais ces liens voyez-vous... Ils m'empêchent de faire preuve de la politesse la plus élémentaire. » Ouvrant ses mains pour illustrer ses propos, le froncement de sourcil de son vis-à-vis sembla le convaincre d'être bref.

« Taehyung. Kim Taehyung. Un plaisir de faire votre connaissance. »

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